Légitime défense et principe de guerre juste dans la foi chrétienne.

La légitime défense et le principe de guerre juste sont considérés comme un droit et même comme un grave devoir pour tout chrétien. Pourtant le Christ ne nous dit-il pas de ne pas rendre le mal pour le mal et de tendre la joue si on nous frappe ? Nous allons traiter ce sujet dans cet article.

  1. Le cas de la légitime défense
  2. Qu’est-ce que le principe de guerre juste ?
  3. Que dit la Bible sur la légitime défense et le principe de guerre juste ?
  4. Des exemples parmi les saints
soldat pratiquant la légitime défense dans une arène

Qu’est-ce que la légitime défense ?

La légitime défense consiste à se défendre face à une agression de manière proportionnée pour défendre sa vie ou celle de son prochain.

Comment s’applique-t-elle dans la foi chrétienne ?

La légitime défense s’applique dans le concept de moindre mal et entraîne un double effet :

  • la conservation de sa vie et de sa dignité ou celle de son prochain
  • Le meurtre de l’agresseur

L’un seulement est voulu; l’autre ne l’est pas

Saint Thomas d’Acquin

L’amour envers soi même est un devoir pour le chrétien ainsi :  

Il est légitime de faire respecter son propre droit à la vie. Qui défend sa vie n’est pas coupable d’homicide même s’il tue son agresseur

Catéchisme de l’Église 2264

Pour se défendre nous ne devons pas user d’une réponse disproportionnée à l’agression pour que cela soit valable, le but principal étant celui de défendre sa propre vie, la mort de l’agresseur n’est qu’une conséquence secondaire et cela n’est donc pas considéré comme un péché car il est légitime de donner la priorité à la préservation de sa propre vie.

Ce principe s’applique également à la défense de la vie d’un autre individu injustement agressé. Il ne s’agit pas seulement d’un droit, mais souvent d’un grave devoir à accomplir, surtout pour ceux qui en ont la responsabilité, et cela dans la mesure de ses moyens et de ses capacités.

Il ne s’agit pas de se jeter sans réfléchir, mais d’analyser la situation et de discerner ce qui est le plus judicieux pour protéger la victime, tout en évitant de mettre sa propre vie en danger de façon déraisonnable ou d’aggraver la situation.

La morale catholique enseigne qu’un refus d’agir par peur égoïste ou indifférence, alors qu’on dispose des moyens de secourir efficacement la victime, est de la lâcheté. C’est-à-dire un péché et un vice moral contraire à la charité et à la justice.

Policier appliquant l'ordre dans une société

La légitime défense à l’échelle d’une société

Ce principe de légitime défense s’applique également à l’échelle de la société

En plus d’un droit, la légitime défense peut être un devoir grave, pour qui est responsable de la vie d’autrui. La défense du bien commun exige que l’on mette l’injuste agresseur hors d’état de nuire.

À ce titre, les détenteurs légitimes de l’autorité ont le droit de recourir même aux armes pour repousser les agresseurs de la communauté civile confiée à leur responsabilité.

Catéchisme de l’Église 2265

Sans ce droit, la société devient forcément anarchique et plus aucune loi n’est respectée. Ce principe est donc nécessaire à une société pour faire régner le bien et combattre le mal. Et Saint Paul va également dans ce sens dans sa lettre aux romains (Romains 13:1-8). Il est donc nécessaire pour le bien commun d’appliquer ce principe de légitime défense pour empêcher la diffusion de comportements qui violent les droits de l’homme et les règles fondamentales du vivre ensemble civil.

Concernant le principe de guerre juste, il peut sembler contraire à ce que dit Jésus lorsqu’il dit :

Alors Jésus lui dit: “Remets ton épée à sa place. Car tous ceux qui se serviront de l’épée, périront par l’épée.

Matthieu 26:52

Pourtant c’est un principe nécessaire et biblique mais encore faut-il comprendre ce que cela signifie.

templier à Jérusalem illustrant la guerre juste

Qu’est-ce que le principe de guerre juste ?

Le principe de guerre juste est une forme de légitime défense appliquée à une nation entière. Il rejoint également le concept du moindre mal. cependant, elle doit répondre à des conditions strictes pour être juste. Il faut à la fois que :

  • Le dommage infligé par l’agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain.
  • Tous les autres moyens d’y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces.
  • Soient réunies les conditions sérieuses de succès.
  • L’emploi des armes n’entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourdement dans l’appréciation de cette condition.

Si toutes ses conditions sont validées, alors il s’agit d’une guerre juste ce qui fut le cas de la Seconde Guerre mondiale face aux nazis, des Cristeros qui se sont battu pour défendre la liberté religieuse au Mexique en 1926 ou bien des croisades même si certains individus sont malheureusement sortis de ce principe de guerre juste pour leur gloire personnelle ou leurs propres intérêts.

Aujourd’hui, cela s’appliquerait davantage dans le cadre de la guerre contre des entités terroristes ou pour la défense du territoire et de sa population.

La guerre juste ne doit pas être un prétexte pour faire n’importe quoi. Pour rester juste elle doit respecter et traiter avec humanité les non-combattants, les soldats blessés et les prisonniers.

Ceux qui se vouent au service de la patrie dans la vie militaire sont des serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples.

S’ils s’acquittent correctement de leur tâche, ils concourent vraiment au bien commun de la nation et au maintien de la paix 

Catéchisme de l’Église 2310

L’analyse de ces conditions et la décision appartiennent à l’autorité civile qui porte la responsabilité morale d’engager la guerre et qui en cas de guerre juste a le droit et le devoir d’imposer aux citoyens les obligations nécessaires à la défense nationale mais en respectant ceux qui pour motif de conscience refusent l’utilisation des armes. Ils peuvent alors servir autrement la communauté.

Le soldat, pour sa part, n’a pas la même responsabilité que ceux qui décident, il peut obéir à sa hiérarchie en conscience, ne disposant pas de toutes les informations, mais il doit refuser d’exécuter des ordres manifestement criminels (massacre de civils, actes de barbarie, etc).

Une obéissance aveugle ne suffit pas à excuser ceux qui s’y soumettent. Ainsi l’extermination d’un peuple, d’une nation ou d’une minorité ethnique doit être condamnée comme un péché mortel. On est moralement tenu de résister aux ordres qui commandent un génocide.

Catéchisme de l’Église 2313

Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants, est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation

Catéchisme de l’Église 2314

Image de David contre Goliath illustrant la légitime défense et le principe de guerre juste dans la Bible

Que dit la Bible sur la légitime défense et le principe de guerre juste ?

Il faut déjà comprendre que le Dieu de l’ancien et du nouveau testament est le même Dieu or Dieu a soutenu des guerres et des cas de légitime défense dans la Bible.

On peut citer l’exemple de :

  • David contre Goliath où Dieu a envoyé David combattre et tuer Goliath pour défendre son peuple (1 Samuel 17)
  • Les guerres de David contre les philistins qui voulaient conquérir les territoires d’Israël (1 Samuel 23:1-5 ; 2 Samuel 5:17-25)
  • La guerre civile de David contre son fils qui a organisé un coup d’État contre lui (2 Samuel 15-18)
  • D’Abraham qui alla délivrer son neveu Lot avec une armée de 318 hommes (Genèse 14:14-16)
  • La conquête de Canaan par Josué (Josué 6-12)
  • Le cas de Samson à qui Dieu avait donné une force surhumaine pour défendre son peuple (Juges 13-16)
  • La défense des Maccabées contre les grecs qui ont voulu détruire la religion juive (1 Maccabées 2-4)

Même dans le Nouveau testament, nous pouvons voir que le métier de militaire est tout aussi noble à condition de ne pas abuser de son pouvoir.

Des militaires demandent à Jean : « Et nous, qu’est-ce que nous devons faire ? » Il leur dit : « Ne prenez d’argent à personne, ni par la force, ni par le mensonge. Contentez-vous de votre salaire. »

Luc 3:14

Comment comprendre la phrase de Jésus qui dit de tendre l’autre joue ?

« Tendre l’autre joue » enseigne le refus de la vengeance personnelle et de la surenchère mais n’exclut pas la légitime défense, qui relève de la protection juste et nécessaire. Jésus enseigne de privilégier d’autres moyens pacifiques afin de désamorcer les tensions. Le but n’est pas de rendre les coups juste pour les rendre mais de se défendre.

image de Sainte Jeanne d'arc accompagné de son armée en France illustrant le principe de guerre juste

Des exemples parmi les saints

Sainte jeanne d'arc en armure priant

Sainte Jeanne d’Arc

Cette sainte est connue pour avoir défendu la France en soutenant le roi Charles VII face à l’envahisseur anglais. Agissant par fidélité à la mission qu’elle avait reçue de Dieu, elle participa à la libération d’Orléans et à la restauration de la légitimité royale. Elle veillait à ce que les soldats fassent preuve de piété et de moralité, les exhortant à éviter le blasphème, la violence injuste et le pillage, incarnant ainsi l’esprit de la guerre juste et de la légitime défense du peuple chrétien.

image de Saint Maurice en armure

Saint Maurice et la Légion Thébaine

Au troisième siècle, saint Maurice et sa légion, déjà convertie au christianisme, participaient aux campagnes militaires de l’empire romain. Lorsqu’ils reçurent l’ordre injuste de massacrer des civils chrétiens, ils refusèrent d’exécuter cet ordre, ce qui les a conduits au martyre.

statue de Saint Louis à cheval

Saint Louis

Ce saint roi de France incarna l’idéal du roi juste et pieux. Il participa à la septième et à la huitième croisade pour défendre les chrétiens d’Orient et protéger les lieux saints. Avant de partir en croisade, il s’assurait que ses actions étaient justes et légitimes, respectant la dignité des ennemis et des prisonniers.

Pendant les batailles, il veillait à ce que son armée respecte la morale chrétienne, interdisant le pillage et exigeant le respect des civils. Ce Saint roi illustre ainsi le principe de guerre juste et la légitime défense collective des peuples chrétiens.

statue de Saint Antone de Padoue

Saint Antoine de Padoue

Saint Antoine de Padoue, ancien chevalier devenu moine, est connu pour sa piété et son amour des pauvres. Selon une tradition populaire, il défendit une femme qui était agressée par un bandit qui voulait abuser d’elle. Saint Antoine le désarma avec un bâton, prit son épée et sauva la femme.

Saint José Sánchez del Río

C’était un jeune garçon mexicain qui rejoignit l’armée des Cristeros (armée de résistance catholique) pour défendre la liberté religieuse face aux persécutions sanglantes du gouvernement. Il y occupait la fonction de porte-étendard, servant de repère et de symbole de ralliement pour les soldats au combat.

Refusant de renier sa foi, il fut capturé, torturé et exécuté en 1928 à l’âge de quatorze ans. Avant de mourir, il pardonna à ses bourreaux et cria « Vive le Christ Roi ! ». Par son courage et son martyre, il incarne la défense de la foi et la dignité humaine face à l’injustice.

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