À quel type d’idolâtrie faisons-nous face ?

Introduction : L’idolâtrie, un piège invisible

Il est facile de penser que l’idolâtrie appartient au passé, aux statues païennes et aux temples antiques. Mais aujourd’hui encore, elle se cache dans nos vies, souvent bien plus discrètement.

L’idole n’est plus de pierre ou de bois ; elle prend la forme de nos priorités mal ordonnées (definition), une personne, une passion, une addiction, une obsession, un projet, ou même… soi-même de nos désirs désordonnés ou de ce qui accapare notre cœur au détriment de Dieu.

« Ces gens-là portent leurs idoles dans leur cœur… »
(Ézéchiel 14, 3)


Dès lors qu’une chose ou quelqu’un prend la première place dans notre cœur, au détriment de Dieu, elle devient une idole.

Quels sont les différentes formes d’idolâtries ?

1. Idolâtrie matérielle

L’idolâtrie matérielle consiste à placer un bien matériel au-dessus de Dieu, qu’il s’agisse de l’argent, du confort, d’un téléphone ou même d’une paire de chaussures. Cela mène à des attitudes comme l’avarice, la convoitise, le consumérisme ou encore une dépendance au luxe.

2. Idolâtrie des personnes

Nous pouvons aussi idolâtrer d’autres personnes : célébrités, membres de notre famille, conjoint(e)… en les idéalisant, en les plaçant sur un piédestal, c’est-à-dire en les considérant comme supérieurs à nous-mêmes, voire à Dieu. Cette forme d’attachement excessif peut nous amener à donner à ces personnes une place centrale dans notre vie, au détriment de Dieu.

3. Idolâtrie de soi (narcissisme)

L’orgueil, l’égoïsme ou l’égocentrisme relèvent d’une idolâtrie de soi. Nous nous plaçons alors comme le personnage principal de notre monde, considérant les autres comme des figurants ou (PNJ). Cela se manifeste par une volonté d’être au-dessus des autres, par une recherche permanente de plaisir, d’attention et de validation. Cette forme d’idolâtrie peut aussi nourrir une soif de domination, rejoignant alors l’idolâtrie du pouvoir.

4. Idolâtrie du plaisir (hédonisme)

L’idolâtrie du plaisir conduit à la luxure ou à la gourmandise. Elle consiste à faire passer ses désirs avant tout le reste, y compris avant Dieu. C’est dire, consciemment ou non : « Mon plaisir est plus important que ma fidélité et mon amour envers Dieu. »

5. Idolâtrie de la raison ou de l’idéologie

Cette forme d’idolâtrie apparaît lorsqu’on place une idéologie, une pensée politique ou philosophique au-dessus de la foi chrétienne, de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église. Elle se manifeste dans certains courants comme le militantisme politique, un certain type de nationalisme, le wokisme, ou d’autres idéologies qui finissent par déformer ou supplanter la vérité révélée.

Prise de conscience : L’idolâtrie silencieuse chez les croyants

« Mon peuple périt faute de connaissance. »
(Osée 4, 6)

Ce constat reste tristement actuel : nombreux sont les chrétiens qui, tout en pratiquant extérieurement leur foi en allant à la messe, en priant , vivent pourtant une forme d’idolâtrie silencieuse, en reléguant Dieu au second plan dans les décisions concrètes de leur vie.

J’en ai moi-même fait l’expérience. Étudiant, je travaillais le dimanche, estimant que le Seigneur comprendrait que je sacrifie ce jour pour un emploi rémunéré.

C’est la lecture du Petit Catéchisme du Concile de Trente qui a provoqué en moi un réveil : j’y ai redécouvert le sens profond du troisième commandement sanctifier le jour du Seigneur. En acceptant de travailler ce jour-là, je réalisais que je plaçais l’argent au-dessus de l’obéissance à Dieu similaire a Judas. Et les paroles du Christ prenaient un relief nouveau :

« Nul ne peut servir deux maîtres… Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse » (Matthieu 6,24).

Ma conscience fut touchée, mais le changement n’a pas été immédiat. Comme beaucoup, j’avais besoin de temps pour ouvrir les yeux. Ce combat intérieur révèle combien il est facile de vivre dans une illusion de fidélité, alors même que nos choix trahissent une priorité mal ordonnée.

Se poser la bonne question : Qui est vraiment au centre de ma vie ?

C’est pourquoi cette question demeure essentielle, pour chacun d’entre nous : est-ce vraiment Jésus-Christ que j’adore ?

Les réponses peuvent être multiples, mais ne nous mentons pas et apprenons donc à discerner ce qui, dans nos vies, nous éloigne de Dieu.
Arrachons ces racines mauvaises et rejetons-les avec courage.

La vie chrétienne est un combat de chaque instant. Saint Paul nous avertit :

« Ne vous conformez pas au monde présent,
mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence,
afin de discerner quelle est la volonté de Dieu :
ce qui est bon, agréable et parfait. »
(Romains 12, 2)

Soyons lucides : combien d’activités ce monde a-t-il inventées pour détourner notre attention de Dieu ?
Films, séries, réseaux sociaux, jeux, distractions en tous genres…
Parfois même, ceux qui nous sont les plus proches deviennent malgré eux un obstacle : un ami, un membre de la famille, une relation sentimentale…

Une foi mise à l’épreuve : Jésus appelle à un choix radical

Le Christ lui-même nous a mis en garde :

« Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ;
je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive.
Je suis venu mettre la division entre le fils et son père,
entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère.

On aura pour ennemis les gens de sa propre maison.
Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ;
celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi.

Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi.
Celui qui veut sauver sa vie la perdra,
et celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. »

(Matthieu 10, 34–39)

Soyons donc prêts à nous détacher de tout ce qui nous éloigne de Dieu avec discernement, prudence et prière (pas inconsciemment comme le font les superstitieux).

Oui, il est humain de tomber. Mais persévérer dans l’erreur est une tout autre chose.
Saint Augustin le résume en une phrase célèbre :

« Errare humanum est, perseverare diabolicum. »
(Tomber est humain, persévérer dans l’erreur est diabolique.)

(Petite pensée pour le pape Léon XIV qui est augustin)

Conclusion : Un combat spirituel quotidien, soutenu par la prière et les sacrements

Enfin, chers frères et sœurs, comprenons que le chemin que nous suivons vers le Seigneur ne doit connaître ni arrêt ni ralentissement, car c’est précisément dans ces moments-là que l’idolâtrie s’installe. Dès que nous cessons de progresser vers notre fin ultime, Dieu, nous risquons de nous égarer.

Alors, combattons et persévérons sur cette voie, soutenus par la foi et la connaissance que le Seigneur nous accorde, et ne négligeons pas la prière les uns pour les autres. N’oublions pas que c’est la prière formulée il y a plusieurs siècles par un frère, une sœur, un ancêtre, dans le fin fond de son village, qui fait qu’aujourd’hui vous êtes chrétiens.

Prions donc les uns pour les autres, afin que chacun de nous puisse sortir de ces péchés que nous commettons parfois… sans même en avoir conscience.

Rappelons-nous les quatre armes face à ce genre de péché : la confession, la prière, l’Eucharistie et les vertus, à pratiquer sans modération et avec détermination.


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