Le terme « Décalogue« , issu du grec deka logoi signifiant « dix paroles« , désigne les 10 Commandements, qui constituent la base morale et spirituelle de la foi juive. Les 10 commandements ont été révélés par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï, comme on peut le voir dans :
Ils jouent un rôle central non seulement dans l’Ancien Testament, notamment plus connue sous le terme « Loi Mosaïque », mais également dans le Nouveau Testament. Jésus les résume dans le double commandement de l’amour (aussi appelée par certains « la règle d’or« [Ne fait pas aux autres ce que tu n’aimerait pas qu’on te fasse]). En ce sens, les 10 Commandements sont le fondement de la vie morale chrétienne. Il s’agit une référence essentielle dans les enseignements de l’Église.
I. Les Trois Premiers Commandements : Relations avec Dieu
« Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. » Exode 20:3
Ce premier commandement affirme le monothéisme et rejette l’idolâtrie. Il demande aux fidèles de donner la priorité absolue à Dieu dans leur vie. Tout cela, en évitant toute forme de superstition ou de pratiques occultes. Il appelle à l’importance de l’exclusivité du culte rendu à Dieu. C’est ce qui est d’ailleurs explicité dans la suite du verset :
» Tu ne te feras pas d’image taillée, ni aucune figure de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles et tu ne les serviras point. Car moi Yahweh, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants, sur la troisième et sur la quatrième génération pour ceux qui me haïssent et faisant miséricorde jusqu’à mille générations, pour ceux m’aiment et qui gardent mes commandements. » Exode 20 : 4 – 6
Est-ce que les catholiques seraient donc des idolâtres ?
Ce verset interdit clairement de faire des images taillées ou des figurines pour adorer d’autres dieux. Cependant, les statues de Marie, des saints ne sont pas la representations d’autres dieux mais de serviteurs de Dieu. Les saints ne sont pas adorées, mais vénérées, c’est à dire respectés ou honorés comme on respecte et honore ses parents.
Les fidèles prient à travers ces images pour se connecter avec Dieu et les saints, sans les idolâtrer. De plus, ces représentations ne sont pas considérées comme des dieux mais comme de simples objets, comme une aide à la prière. Ce sont comme des modèles de foi et de dévotion. Ce verset dénonce d’ailleurs tout ce que l’on peut mettre à la place de Dieu comme l’argent, nos émotions, nos envies etc.
A-t-on le droit de faire des représentations de Dieu et des saints et de prier devant ? Lien vers l’article (article sortant prochainement)
» Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom. »
Exode 20:7
Ce commandement insiste sur le respect dû au nom sacré de Dieu. Il interdit son usage irrespectueux, que ce soit par blasphème, parjure ou autre usage profane. L’interdiction est claire : le nom de Dieu doit être honoré et prononcé avec révérence. Autant dans la prière que dans les conversations quotidiennes.
« Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. » Exode 20:8
Le troisième commandement appelle fait référence au Sabbat, qui est traditionnellement observé le septième jour de la semaine, c’est-à-dire le samedi.
Pourquoi célèbre t’on la messe, le « jour du Seigneur » le Dimanche ?
Dans la tradition chrétienne, le jour du Sabbat a été déplacé du samedi au dimanche en souvenir de la résurrection de Jésus-Christ le dimanche.
En effet, le dimanche est devenu le jour du Seigneur pour les chrétiens en reconnaissance de la nouvelle alliance que Jésus a établie avec son peuple. La célébration du dimanche comme jour du Sabbat est donc le signe de la nouvelle alliance qui a été établis par la résurrection de Jésus et le début de la nouvelle création ainsi que l’ouverture duParadis.
Cela ne signifie pas que le commandement original du Sabbat dans l’Ancien Testament est ignoré, mais qu’il a été adapté à la lumière de la foi chrétienne. l’observance du repos dominical et à la participation à l’Eucharistie qui à désormais lieu le dimanche comme on le voit également dans les écritures (Actes 20:7).
II. Les Commandements concernant les Relations Humaines
« Honore ton père et ta mère, afin que tes jours soient prolongés dans le pays que Yahweh, ton Dieu, te donne. » Exode 20:12
Ce commandement met en lumière le respect et l’obéissance que l’on doit aux parents et aux autorités légitimes. C’est le fondement scripturaire qui rappelle l’importance de la famille dans l’enseignement chrétien. Les parents ont un rôle crucial dans l’éducation spirituelle de leurs enfants, même s’ils ont des défauts, et ce respect s’étend également aux figures d’autorité dans la société.c’est une aide pour nous souvenir que nous ne sommes pas donnés la vie à nous-mêmes.
Quelles en sont les limites ?
Les limites de l’honneur envers les parents incluent le respect de l’autorité parentale sans en faire un idole. Il ne faut pas tomber dans une obéissance aveugle mais rechercher une relation saine dans la relation parent-enfant, en maintenant des frontières appropriées et en affirmant son autonomie et sa propre identité. Cela ne signifie pas nécessairement approuver ou tolérer les actions mauvaises de ses parents, mais plutôt respecter leur position en tant que parents et reconnaître le lien familial.
Attention ! Pour toute relation abusive ou toxique, il est nécessaire de se faire accompagner par des personnes appropriées auprès de personnes compétentes. Un prêtre peut déjà être une première écoute si besoin.
« Tu ne tueras point »
« Tu ne tueras point. »
Exode 20:13
Ce commandement, proclame la dignité de la vie humaine de sa conception à sa mort et interdit le meurtre sous toutes ses formes. Cela inclut non seulement le meurtre physique, mais aussi des questions éthiques contemporaines comme l’avortement, l’euthanasie, et toute forme de violence. Le respect de la vie, à tous ses stades, est une exigence fondamentale de la morale chrétienne.
Le cas de la légitime défense
Cependant le meurtre peut être autorisé sous la condition de légitime défense si il n’y a pas d’autres moyens de sauver sa vie ou le principe de guerre juste qui est vu comme un moindre mal, par exemple la guerre contre les nazis.
La légitime défense n’est pas une exception à l’interdiction de tuer un innocent. Se défendre est un devoir et peut impliquer deux effets : sauver sa propre vie et causer la mort de l’agresseur, mais seule la préservation de la vie est intentionnelle. Il est moralement acceptable de défendre sa vie, même si cela entraîne la mort de l’agresseur, à condition que la violence utilisée soit proportionnée à l’agression. La légitime défense peut aussi être un devoir pour ceux responsables de la vie d’autrui, et les autorités d’un pays ont le devoir d’utiliser la force pour protéger la population de toute agression intérieur ou extérieurs. (Voir le catéchisme de l’Eglise 2263-2265)
On peut aussi avoir comme exemples, les guerres de défense du roi David contre son fils, ou son combat contre Goliath soutenu par Dieu. (1 Samuel 17:45-52)
Auteur : Marie-Christine Bertin / photo du diocèse de Paris
« Tu ne commettras point d’adultère »
« Tu ne commettras point d’adultère. »
Exode 20:14
Enjoignant à la fidélité conjugale et à la chasteté, ce commandement condamne toute forme de relations sexuelles extraconjugales et s’oppose à des pratiques comme la pornographie ou les excès qui dénature la dignité de l’autre. Il souligne l’importance du respect du mariage, qui est un sacrement dans l’Église catholique.
« Tu ne voleras point »
« Tu ne déroberas point. »
Exode 20:15
Ce commandement, prône le respect de la propriété d’autrui. Il condamne non seulement le vol, mais aussi la fraude, la cupidité, et toute forme d’injustice (comme le vol d’idées). La propriété privée est respectée, mais toujours dans la perspective d’une solidarité avec les plus démunis.
« Tu ne porteras point de faux témoignages contre ton prochain »
« Tu ne porteras point de faux témoignages contre ton prochain. »
Exode 20:16
Ce commandement, appelle à la vérité et à la justice dans les relations humaines (vertus cardinales). Il interdit le mensonge, la calomnie, et le parjure, soulignant l’importance de l’honnêteté dans toutes les interactions sociales. La vérité est une valeur clé dans la vie chrétienne, nécessaire pour établir des relations justes et équitables.
Auteur : Marie-Christine Bertin / photo du diocèse de Paris
« Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain »
» (…) tu ne convoiteras point la femme de ton prochain »
Exode 20:17
Ce commandement vise à encourager la pureté des pensées et des désirs. Il condamne la convoitise, un désir désordonné qui peut mener au péché, notamment à l’adultère. La convoitise de la femme d’autrui peut conduire à des actes de trahison et de désunion dans les relations conjugales, brisant ainsi le lien de confiance et de respect mutuel.
Et moi, je vous dis que quiconque regarde une femme avec convoitise, a déjà commis l’adultère avec elle, dans son cœur.
Matthieu 5:28
La fidélité et la lutte contre la convoitise, en particulier en ce qui concerne les relations conjugales, est essentielle pour préserver la pureté du cœur et le respect de l’intimité des autres. En tant que chrétien, il est important de cultiver des pensées et des désirs purs, de traiter les autres avec respect et de rechercher la vertu de la fidélité dans les relations interpersonnelles.
Jésus à ce propos dit-ceci :
Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il vaut mieux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
Matthieu 5:29
Il ne s’agit pas de se mutiler ou de se condamner mais de prendre conscience de la gravité de l’acte et de s’en repentir notamment avec l’aide du sacrement de la réconciliation
Auteur : Yannick Boschat / Diocèse de Paris
« Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; (…) ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain. »
Exode 20:17
Le dernier commandement, également basé sur le verset Exode 20:17. Il rejette l’envie et la jalousie, qui sont 2 des 7 péchés capitaux. Il appelle les chrétiens à se contenter de ce qu’ils possèdent, et à éviter l’avidité qui conduit à l’injustice. La satisfaction dans ce que l’on a, ainsi que la gratitude envers Dieu pour ses dons, sont des attitudes à cultiver.
III. L’Interprétation Chrétienne des 10 Commandements
A. Les Commandements et l’enseignement de Jésus
Jésus réaffirme et approfondit les Commandements dans le Sermon sur la Montagne, montrant qu’ils ne sont pas seulement des interdits, mais des appels à une vie d’amour et de justice. Il enseigne que les Commandements sont l’expression de l’amour de Dieu et du prochain.
B. Le double commandement de l’amour
Aussi appelée la règle d’or, Jésus résume l’ensemble du Décalogue en deux commandements (Matthieu 22:37-40) :
aimer Dieu de tout son cœur
et aimer son prochain comme soi-même. (Ce qui inclut s’aimer soi même)
En les suivant, on accomplit tous les commandements du Décalogue et on manifeste la véritable relation d’amour et de respect envers Dieu et envers autrui. Ils mettent l’accent sur la dimension relationnelle de la Loi, en favorisant une approche plus profonde et plus authentique de la foi et de la pratique religieuse. D’ailleurs, Saint Paul viendra le réaffirmer, en précisant que la charité est l’accomplissement parfait de la Loi.
« L’amour ne fait point de mal au prochain; l’amour est donc la plénitude de la loi. »
Romains 13:10
Conclusion
Les 10 Commandements sont essentiels dans la vie chrétienne, exprimant directement la volonté de Dieu pour l’humanité. Ils invitent à la conversion, nous poussant à intégrer ces préceptes dans notre quotidien. Ils nous poussent à grandir en sainteté et en amour. Jésus a résumé la loi divine en deux commandements : aimer Dieu de tout notre cœur et aimer notre prochain comme nous-mêmes. Enfin, les 10 Commandements nous offrent une vision de la fin des temps. Cela nous prépare à notre rencontre ultime avec Dieu, source éternelle de paix et de salut.
