Le discernement : Recherche de la vérité et obstacles spirituels

Nous avons exploré la grâce divine et les fondements spirituels du discernement dans la première partie.

Il est maintenant essentiel de comprendre comment la recherche de la vérité doit s’accompagner d’un discernement éclairé par la raison. Cette quête de vérité, guidée par la Foi, peut cependant rencontrer des obstacles.

Il faut approfondir les moyens de distinguer le vrai du faux en identifiant les obstacles spirituels qui entravent un bon discernement. Ainsi, nous serons mieux équipés pour suivre la volonté de Dieu dans notre vie quotidienne.

A. Le vrai et le faux

La vérité est liée à Dieu, car Dieu est la Vérité ultime (cf. Jean 14:6). Ce qui est vrai correspond à la réalité de Dieu, source de toute vérité. À l’inverse, le faux est ce qui ne correspond pas à cette réalité.

De plus, la vérité est unique et est objective, nous ne pouvons avoir chacun notre propre vérité sinon ce ne sont que des illusions. Le vrai mène au bien, tandis que le faux mène au mal. Dans un monde où le faux est omniprésent, il est essentiel de discerner le vrai pour ne pas être trompés.

Comment connaître le vrai ?

L’Eglise nous enseigne que la Foi et la raison sont comme les 2 faces d’une même pièce. Nous devons donc accompagner notre Foi de la raison. C’est à dire de l’intelligence, de la logique et de la compréhension. On peut donc dire que notre Foi est rationnel.

La Foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité

Encyclique – Fides et ratio – Jean Paul 2

Spirituel et Rationnel

Spirituel

Dieu est la Vérité ultime. C’est donc par Lui que nous connaissons la vérité. Pour cela, il faut d’abord chercher Dieu. Heureusement, Dieu s’est révélé à nous dans l’Écriture Sainte et la Tradition !

Il nous fait connaître des vérités sur Lui-même, sur l’homme, morales (bien, mal), sur les fins dernières (mort, jugement, paradis, enfer), et pleins d’autres vérités qui nous sont nécessaires afin que nous puissions marcher en vérité.

Auteur : Yannick Boschat / Diocèse de Paris

La connaissance de la vérité par l’Écriture Sainte et l’Eglise est importante notamment pour ce qui est de l’ordre surnaturel afin que notre foi soit nourrie. Toutefois, il est également possible de connaître des vérités naturelles par le simple usage de notre raison.

Rationnel

En ce qui concerne par exemple, les informations, la politique, l’Histoire, il est important de se renseigner à travers plusieurs sources différentes, à les vérifier et à ne pas suivre la masse, juste pour la suivre. Et si il s’agit d’un point de vue morale ou idéologique, il faut voir si c’est en accord avec nos valeurs, nos principes et notre Foi.

Mais aussi il ne pas se laisser avoir ! Ce n’est pas parce que la majorité de vos amis ou de la population pense que tel chose est bien, qu’elle est forcément. De même on peut vous enseigner une partie de l’histoire en omettant une autre ce qui falsifie notre point de vue.

Donc cela nécessite de la recherche, de la remise en question et des échanges sans oublier de placer sa Foi comme guide.

Il est important également pour connaitre une vérité ou de faire les bons choix de se détacher de soi même afin de ne pas avoir un avis subjective et émotionnelle mais un avis objective et rationnel.

Les émotions doivent servir la raison et pas inversement. Cela est notamment vrai pour tout ce qui concerne l’amour et le choix du bon partenaire (future femme ou futur marie).

Notre conscience nous aide également à discerner la vérité (morale notamment), mais le discernement est difficile si notre conscience n’est pas formée par la Foi.

B. Les obstacles au discernement

Aller dans un sens contraire de ce qui est nécessaire au discernement, constitue déjà un obstacle.

Le péché (notamment l’orgueil), le manque de ferveur dans la prière, la désobéissance ou rejet de l’enseignement de l’Église, les passions désordonnées et les attachements excessifs aux choses de ce monde, la peur, le manque de formation et d’accompagnement spirituels, l’influence des opinions de ce monde et l’impatience constituent également des obstacles au bon discernement.

Le péché

La relation que nous avons avec Dieu est affecté par le péché au point où nous sommes coupés de la grâce sanctifiante si nous commettons un péché mortel.

Cet état désoriente notre âme et affaiblit notre capacité à recevoir et à comprendre la lumière de la grâce divine.

Cela crée donc une confusion qui nous rend incapable de discerner correctement la volonté de Dieu. Notre cœur se voit alors détourné de la recherche du bien ce qui nous mène à nous centrer sur nos désirs désordonnés.

L’orgueil

L’orgueil nous empêche d’être réceptif aux mouvements intérieurs qui nous guident vers Dieu ou d’écouter les conseils des autres.

Cela conduit donc à un discernement biaisé où l’on cherche à justifier nos propres désirs. De plus en étant orgueilleux, il est difficile pour nous de reconnaître nos erreurs et de nous remettre en question.

Le manque de prière

C’est dans la prière que nous demandons à Dieu de nous guider et donc sans la prière il est difficile de rester ouvert à l’inspiration de l’Esprit Saint. Cela affaiblit notre vie spirituelle, nous éloignant de la volonté divine et rendant notre discernement flou et erroné.

De plus, en période de désolation, où l’âme se sent éloignée de Dieu, Saint Ignace conseille de ne pas prendre de grandes décisions et de se rappeler que cette situation est temporaire. Il invite à persévérer dans la prière et la pratique des vertus malgré les difficultés.

Il ne faut jamais changer une décision prise en période de consolation lorsqu’on est en période de désolation. 

Exercices spirituels, Règle 5

La désobéissance ou rejet de l’enseignement de l’Église

Ignorer son enseignement rendra notre discernement individuel et subjectif et donc à l’erreur car nous nous éloignons des vérités révélées.

Sans s’appuyer sur le pilier et la colonne de la vérité qui est l’Eglise (cf. 1 tim 3:15) nous rendons notre discernement vulnérable aux erreurs et influences du monde.

Les passions et les attachements désordonnés

Nos passions sont désordonnées lorsque nos désirs et nos émotions deviennent excessifs et ne sont pas contrôlés par la raison ni la vertu.

Nos attachements désordonnés peuvent, quant à eux, concerner des biens matériels, des plaisirs ou même des relations humaines.

Sous la domination de ces attachements, il nous devient difficile de discerner ce qui est bon ou mauvais car nos passions peuvent biaiser notre jugement et orienter notre discernement vers des choix qui satisfont nos désirs égoïstes plutôt que la volonté de Dieu.

L’influence des opinions de ce monde

Le monde, avec ses valeurs matérialistes et relativistes, peut souvent proposer des solutions qui sont contraires à la loi de Dieu.

Être influencé par les idéologies ou les pressions sociales contemporaines peut troubler le discernement spirituel. Le monde tend à proposer des « vérités » relatives ou subjectives, qui s’opposent à la vérité objective de Dieu. Cela peut conduire à choisir des options plus faciles ou plus populaires, mais moralement erronées.

Auteur : Marie-Christine Bertin / Diocèse de Paris

C. Le discernement selon Saint Ignace de Loyola

Pour bien discerner, il est non seulement nécessaire d’être ouvert à la grâce de Dieu, avoir une vie de prière et connaître les Saintes Écritures et l’enseignement de l’Eglise mais il faut aussi pouvoir reconnaître ces fautes pour éviter l’orgueil, être orienté spirituellement, faire preuve de réflexion personnelle et être sensible à l’action de l’Esprit Saint.

Voyons cela de plus près avec Saint Ignace de Loyola, maître du discernement spirituel.

Saint Ignace de Loyola nous enseigne à discerner les mouvements intérieurs qui viennent de Dieu (consolation) et les mouvements intérieurs qui viennent de l’ennemi (désolation).

En effet, Dieu conduit à la paix, la joie et la clarté tandis que l’ennemi provoque confusion, tristesse et angoisse. De ce fait il nous est encouragé de prendre des décisions dans un état de consolation.

Pendant la consolation, nous devons faire des provisions de forces pour les temps de désolation.

Exercices spirituels, Règle 10

Le discernement, selon lui, a pour but de chercher et trouver la volonté de Dieu dans notre vie. Dans notre recherche de la volonté de Dieu, nous devons alors être dans une indifférence intérieure : être prêt à accepter tout ce que Dieu veut, sans être attaché à nos préférences ou désirs propres.

L’homme est créé pour louer, révérer et servir Dieu notre Seigneur, et par ce moyen sauver son âme. 

Exercices spirituels, Principe et Fondement

Cette indifférence est nécessaire car nous permet d’être libre de tout attachement désordonné et ouvert à choisir ce qui sert le mieux la volonté de Dieu, car Dieu sait ce qu’il y a de mieux pour nous et prétendre le contraire serait de l’orgueil.

Il faut que nous nous rendions indifférents à toutes les choses créées, en tout ce qui est permis à la liberté de notre libre arbitre.

Exercices spirituels, Principe et Fondement

Saint Ignace met un grand accent sur l’examen quotidien de conscience, un temps pour revisiter sa journée et voir comment Dieu a agi et comment on a répondu ou non à ses appels. Cet examen est essentiel pour mieux discerner les mouvements intérieurs et progresser dans le discernement.

Celui qui fera l’examen de conscience deux fois par jour gagnera beaucoup plus de mérite qu’il ne pense. 

Exercices spirituels

Un catholique, selon Ignace, doit cultiver la liberté intérieure, une vie de prière constante, et un cœur désireux de faire toujours le meilleur pour la gloire de Dieu.

Auteur : Marie-Christine Bertin / Diocèse de Paris

Conclusion

Le discernement exige une vigilance constante face aux illusions et aux tentations du monde. En recherchant la vérité, avec l’aide de la foi et de la raison, et en identifiant les obstacles comme le péché, l’orgueil ou les attachements désordonnés, nous nous protégeons des erreurs de jugement.

Le discernement spirituel, guidé par l’Esprit Saint et les enseignements de l’Église, nous permet de rester fidèles à la volonté de Dieu, même dans les moments de confusion ou de désolation.

Ainsi, en combattant les obstacles et en restant attachés à la vérité, nous sommes en mesure de vivre pleinement notre foi et de cheminer vers la sainteté.

Chant inspiré de la prière d’abandon de Saint Charles de Foucauld. Chanter cette prière est une forme d’expression de l’indifférence spirituelle prônée par Saint Ignace de Loyola, une manière de dire à Dieu : « Que ta volonté soit faite et non la mienne. » Cela permet de mieux nous disposer à recevoir ses inspirations dans le processus de discernement.

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