La Chute d’Adam et Ève : Péché Originel et Rédemption

L’Écriture Sainte présente dans les premiers chapitres de la Genèse la création d’Adam, le premier homme, placé par Dieu dans le Jardin d’Éden, entouré d’« arbres agréables à voir et bons à manger, et l’arbre de la vie au milieu du jardin, ainsi que l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Cf. Genèse 2, 9). Adam vivait aux côtés d’Ève, la femme que Dieu lui a donnée, pour vivre ensemble et pleinement la vie de la grâce.

Ils se trouvaient en parfaite communion avec Dieu, dans un lieu d’amour et de bonheur immense, conçu pour durer éternellement. Dieu a créé l’homme libre et rempli de son amour, afin qu’ils puissent vivre, l’un est l’autre, pour toujours, une relation de père a fils.

Dans cet état surnaturel, Dieu destinait Adam – et à travers lui, tous les Hommes – à être son enfant par la grâce. Pour établir cette union, il fixe des règles à respecter. Dieu lui accorde tout cet amour, mais exige en retour le respect de ses commandements. Dieu dit à Adam :

Tu peux manger de tous les arbres du jardin; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement.

‭‭Genèse‬ ‭2‬, 17‬

Malheureusement, le diable, celui qui sème la division comme son nom l’indique, cherche à séparer l’union que Dieu a faite avec Adam et Ève. Il soumet d’abord Ève à l’épreuve, lui disant : « Est-ce que Dieu aurait dit : « Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » (Cf. Genèse 3, 1).

Le diable, représenté par le serpent, alors considéré comme l’animal le plus rusé, montre toute sa fourberie en insinuant que Dieu leur interdisait de manger de tous les arbres du jardin alors que Dieu demande uniquement de ne pas manger les fruits d’un arbre spécifique, celui de la connaissance du bien et du mal.

En semant le doute dans l’esprit d’Ève, le diable manipule subtilement les faits pour ébranler sa confiance en Dieu. Bien qu’Ève rappelle la parole divine (Cf. Genèse 3, 3), le diable répond :

Non, vous ne mourrez point; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal.

‭‭Genèse‬ ‭3‬, 4‬-‭5‬ ‭

Le diable insinue que Dieu leur cache quelque chose et qu’il a menti. Dieu ne voudrait pas qu’ils deviennent comme lui, connaissant le bien et le mal. Cette ruse du diable reflète sa stratégie de tromperie, car il ne force pas, mais incite à la désobéissance en jouant sur l’orgueil, la curiosité et le mensonge. En l’écoutant, l’homme et la femme tombent dans le piège du péché. En ne respectant pas le commandement de Dieu, ils se détournent de la volonté divine et rompent l’alliance entre eux et le Seigneur :

La femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable à la vue et désirable pour acquérir l’intelligence; elle prit de son fruit et en mangea; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea.

‭‭Genèse‬ ‭3‬, ‭6‬

Le péché, suggéré par la ruse du diable, commence en Ève, se consomme en Adam et entraîne la perte leur bonheur. Suite à ce péché, Adam et Ève deviennent soumis à la mort, au désordre du désir (la concupiscence) et aux autres conséquences liés à la séparation avec Dieu, étant chassés du Jardin d’Eden.

Qu’est-ce que le péché originel ?

En désobéissant à Dieu, nos premiers parents ont commis un péché personnel, qui a eu des conséquences pour eux et leur descendance. Ainsi, il est important pour bien saisir de distinguer deux aspects du péché originel :

  1. Le péché originel « personnel », qui est celui commis par Adam et Ève
  2. Le péché originel « transmis » qui touche l’ensemble de leurs descendants, c’est-à-dire toute l’humanité. Il consiste en la privation de l’état de grâce et découle directement du péché originel « personnel ».

Le péché d’Adam était une chose mais le péché des enfants à leur naissance en est une autre, le premier était la cause, le second est l’effet.

Saint Anselme, Du concept virginal et du péché originel, 26 [P.L. 158, 460B].

En perdant l’état de bonheur et d’innocence, Adam n’est pas le seul à souffrir : toute l’humanité en est affectée. En effet, Dieu avait accordé la vie de la grâce, non seulement à Adam, mais à la nature humaine en la personne d’Adam. Ainsi, tous les hommes auraient dû recevoir l’état de bonheur par la transmission de la nature humaine.

Malheureusement, Adam ne peut plus donner ce qu’il a perdu par son péché. En manque de pouvoir le transmettre, étant donné que son péché personnel affecte la nature humaine, il transmet à sa descendance la condition déchue de la nature humaine.

Le lien entre le péché originel et la rédemption.

Le péché originel a provoqué une rupture entre l’humanité et Dieu, privant l’homme de la vie de la grâce. Pour rétablir cette relation et réparer l’humanité malade, Dieu a envoyé son Fils pour nous unir de nouveau à Dieu. Par son sacrifice, le Christ s’offre entièrement, portant sur lui toutes les souffrances liées à la condition humaine déchue.

En portant la douleur, la honte, les blessures et la mort, Jésus incarne la misère et la fragilité de l’homme après sa chute. Le Christ défiguré et cloué sur la croix est le miroir de l’Homme déchu, malade et défiguré par le péché. Dans sa passion, Jésus représente l’état de déchéance de l’humanité, rendue souffrante et mortelle par le péché, mais offre, par sa résurrection, la rédemption. Il vient nous chercher dans la mort pour rétablir la relation paternelle que Dieu souhaite établir avec l’humanité.

Adam, responsable de la séparation d’avec Dieu, a été sauvé par Jésus, le nouvel Adam. Son sacrifice rétablit ce lien brisé et nous permet de nous réconcilier avec Dieu le Père. En s’offrant pour nous sur la croix, il prend sur lui nos péchés, ouvrant la voie à une nouvelle alliance. Là où Adam a causé la perte de la grâce pour tous, Jésus permet à chacun de retrouver cette grâce et d’être de nouveau uni à Dieu. La doctrine du péché originel est résumée par Saint Paul dans son épître aux Romains :

Ainsi donc, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort ; Et ainsi la mort a passé dans tous les hommes parce que tous ont péché. […] Depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir. Mais il n’en est pas du don gratuit comme de la faute; car si, par la faute d’un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d’un seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les hommes. […] En effet, si, par la faute d’un seul, la mort a régné par ce seul homme, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice règneront-ils dans la vie par le seul Jésus-Christ. Ainsi donc, comme par la faute d’un seul la condamnation est venue sur tous les hommes, ainsi par la justice d’un seul vient à tous les hommes la justification qui donne la vie.

‭‭Romains‬ ‭5‬, ‭12‬-‭18‬.

Les enfants, issus d’Adam pécheur, naissent donc sans la grâce de Dieu. Cependant, par le sacrifice de Jésus, Dieu s’incarne au milieu de nous pour nous remplir, de l’intérieur, de son amour. Le sacrement du baptême, que le Christ a institué lors de son ministère, nous unit au Christ mourant et cloué sur la croix, ce que nous célébrons le Vendredi Saint, avec toutes nos fautes passées, puis il nous permet de ressusciter avec lui dans la gloire de Dieu pour vivre une vie nouvelle, remplie de joie et d’espérance, que les chrétiens célèbrent le jour de Pâques :

Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle. Si, en effet, nous avons été greffés sur lui, par la ressemblance de sa mort, nous le serons aussi par celle de sa résurrection

‭‭Romains‬ ‭6‬, 3‬-‭5‬ ‭

Le premier des sacrements a plusieurs effets, notamment celui de nous rendre enfants de Dieu et membres de l’Église. Il confère également l’effacement de tous les péchés, y compris le péché originel, et nous confère la grâce divine. C’est pour cela que nous baptisons les enfants : si les parents prennent soin de nourrir leur enfant dès ses premiers mois, pourquoi ne lui offriraient-ils pas aussi une nourriture spirituelle pour la vie éternelle ?

Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre; et, même lorsqu’il sera vieux, il ne s’en détournera pas.

‭‭Proverbes‬ ‭22‬, 6‬.

Conclusion

La chute d’Adam et Ève est bien plus qu’un récit ancien; elle marque le début d’une histoire de la miséricorde divine. Bien que le péché originel ait séparé l’humanité de Dieu, la rédemption offerte par Jésus-Christ rétablit l’espérance. Le sacrifice du Christ nous ouvre les portes d’une nouvelle vie en Dieu, permettant à chacun de retrouver cette grâce originelle perdue. C’est par le baptême que l’homme est libéré de ce péché héréditaire et devient enfant de Dieu, prêt à vivre selon les promesses de la vie éternelle. Le chemin vers la réconciliation est tracé : là où le premier Adam a chuté, le Christ, le nouvel Adam, triomphe pour nous offrir la vie véritable.

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