Le Pape, en tant qu’évêque de Rome, est le successeur de l’apôtre Pierre et le pasteur de l’Église universelle. Dans cet article, nous commencerons par étudier le collège des douze apôtres avec Pierre comme chef, puis nous explorerons la question de la succession apostolique, pour enfin nous attarder sur l’importance d’un principe d’unité concret pour l’Église en la personne du successeur de saint Pierre.
Le collège apostolique
Le collège des douze apôtres est un groupe de douze hommes choisies par Jésus-Christ pour occuper une place centrale durant les trois années de son ministère en jouant un rôle clé dans la mission de transmettre la bonne nouvelle à toutes les nations. ll s’agit une institution de notre Seigneur comme modèle pour l’Église, marquant son unité et sa structure hiérarchique. (Cf. Mac3,13-14 : « Puis, il gravit la montagne, et il appela ceux qu’il voulait. Ils vinrent auprès de lui, et il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle ».)
Dans ce collège, les 12 apôtres agissent en communion les uns avec les autres bien que tous ont été appelés personnellement à suivre le Christ. On y voit alors un caractère à la fois collégiale et personnel dans le modèle que le Christ a voulu pour l’Eglise. Parmi ces 12 apôtres, l’un a été choisi spécifiquement pour être le chef du groupe : l’apôtre Pierre.
Notre Seigneur appelle les douze apôtres à le suivre, et parmi eux il distingue Simon, qu’il nomme Pierre (cf. Jean 1, 42). Ce changement de nom, accompli par Dieu lui-même, n’apparaît qu’à trois reprises dans la bible : Abram devient Abraham, Jacob devient Israël, et Simon devient Pierre. Les changements de nom donné par Dieu ne sont pas vides de sens mais porte en eux-mêmes la réalité de la mission de ceux qui en bénéficient.
Il donne alors le nom de Pierre à Simon, car il fait de lui la pierre de fondation de l’Eglise et lui remet les clés du royaume des cieux (Cf. Matthieu 16, 17-19). Jésus lui confie la responsabilité d’affermir, de soutenir les autres apôtres et donc par extension, l’Eglise toute entière (Cf. Luc 22, 31). Après sa résurrection, il ira instituer l’apôtre Pierre comme le pasteur de tout le troupeau chrétien (Cf. Jean 21, 15-17).
La place éminente de Pierre ne peut se comprendre que comme un service du collège des apôtres et de leurs successeurs, les évêques.
La succession apostolique
Cette primauté, instituée par notre Seigneur, s’est poursuivie grâce à la succession apostolique, qui garantit la continuité de l’Eglise. La succession apostolique repose sur le fait que les apôtres ont désigné des successeurs en leur transmettant leur autorité par le rite de l’imposition des mains (2Tm1,6). Ce geste a été transmis sans interruption au fil des siècles, créant une chaîne continue de succession, dont les évêques actuels sont les successeurs.
La question d’un successeur se pose à la mort d’un apôtre, comme ce fut le cas pour Judas : il était nécessaire de lui trouver un successeur, et c’est Mathias qui fut choisi (Cf. Actes 1, 16-26). De même, tous les apôtres ont eu des successeurs, chargés de guider les fidèles au sein d’une “portion” de l’Église universelle.
Pour ce qui est de l’apôtre Pierre, il était reconnu par les premiers chrétiens comme le chef de l’Église. Ainsi, à sa mort, les chrétiens de Rome, conscients de son rôle de chef, ont dû lui trouver un successeur. Il fallait désigner quelqu’un pour reprendre la primauté de Saint Pierre, c’est-à-dire un successeur particulier qui assumera le pouvoir de Pierre en tant que chef de l’Église.
La logique de la succession de Pierre ne repose donc pas tant sur la question de savoir s’il a ordonné d’autres évêques — ce que l’histoire confirme, notamment à Antioche, et ce que l’on peut supposer pour d’autres villes — mais plutôt sur le fait que Rome, ayant été son dernier lieu d’exercice pastorale, est devenue le lieu où il fallait désigner son successeur après sa mort.
Il revenait donc naturellement à l’Église de Rome de procéder à cette nomination, un droit qui lui appartenait légitimement.
L’évêque de Rome n’est donc pas seulement le successeur de pierre sur le siège de Rome, mais il est le « Prince des Apôtres » perpétuellement, investi de sa mission et de son pouvoir. Il est l’héritier particulier de tous les pouvoirs de Saint Pierre. De la même manière que le collège apostolique était composé des 12 apôtres avec Saint Pierre comme chef, l’évêque de Rome, successeur de Saint Pierre, assume le rôle de chef aux côtés des évêques, successeurs des apôtres :
« De même que saint Pierre et les autres Apôtres constituent, de par l’institution du Seigneur, un seul collège apostolique, semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre et les évêques successeurs des Apôtres, forment entre eux un tout. »
Concile Vatican II, Lumen Gentium 22.
Nécessité d’une unité concrète dans l’Eglise :
Dans l’article consacré à la reconnaissance de l’Église du Christ, nous avons souligné que l’unité constitue l’une de ses marques essentielles. Cette unité se manifeste de deux façons au sein du peuple de Dieu : par l’unité de gouvernement et de communion, et par l’unité de foi.
Unité de Gouvernement et de communion :
Le gouvernement de l’Église doit être unifié, ce qui signifie qu’il ne peut être divisé en des parties indépendantes et autonomes les unes des autres. Plusieurs gouvernements autonomes et indépendants ne peuvent pas se combiner pour former un gouvernement unique, et il en va de même pour l’Église.
L’Eglise repose donc sur une unité de communion, rassemblant tous les enfants de Dieu sous le gouvernement du successeur du chef des apôtres. Tous sont liés les uns aux autres, à l’image des membres d’un même corps, partageant les mêmes sacrements et les mêmes prières, et restant constamment unis à une unique tête, le Pape.
C’est pour cela que nous pouvons dire que l’Eglise a pour figure centrale visible de la communion l’évêque de Rome. Ce centre de communion permet de prévenir les conflits entre évêques. Dans l’histoire de l’Église, il était courant, en cas de désaccord entre deux évêques de petites villes, de solliciter l’arbitrage de l’évêque de la grande ville voisine.
La situation devient critique lorsque ce sont des Églises entières qui entrent en opposition. Dans de tels cas, le pape, grâce à sa juridiction universelle sur tous les fidèles du Christ en tant que pasteur du troupeau des enfants de Dieu, agit comme arbitre de la communion universelle. Son rôle est de préserver l’unité de l’Église et de maintenir le peuple de Dieu uni dans la charité avec les yeux fixés vers le Christ Jésus. Il intervient ainsi dans les affaires graves susceptibles de diviser l’Église.
Unité de foi :
Le pape garantit enfin l’unité de la foi, car nous avons la certitude que, dans son enseignement doctrinal universel, il nie bénéficie d’une grâce spéciale qui le garde de toute erreur. Cela permet aux fidèles un centre visible d’unité dans la foi et dans la communion !
Il permet également de rassurer le peuple chrétien, car selon la promesse de notre Seigneur, il ne peut pas faillir dans son enseignement sur la foi, protégé infailliblement par notre Seigneur qui intercède auprès du Père pour avoir l’unité chez ses enfants.
L’histoire nous fournit un exemple clair : dans le cadre d’un concile œcuménique, c’est l’autorité du pape qui garantit sa reconnaissance et sa validité. En théorie, le caractère inspiré d’un concile devrait être évident pour tous, mais en pratique, ce n’est pas toujours le cas.
Certains conciles, comme le deuxième concile œcuménique de Constantinople en 382, ont mis du temps à être acceptés, tandis que des conciles hérétiques ont parfois semblé répondre à davantage de critères d’œcuménicité comme le nombre d’évêques présents ou la convocation de l’empereur. Dans ces situations complexes, l’intervention décisive du pape est essentielle pour trancher et préserver l’unité.
Le Christ, en prévoyant les épreuves et les schismes que son Église aurait à affronter, nous a offert une grâce avec un centre de communion visible pour préserver l’unité. Ces deux liens d’unité sont exprimé par un verset de saint Paul :
« Il n’y a qu’un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés par votre vocation à une même espérance. Il n’y a qu’un Seigneur, une foi, un baptême ».
Éphésiens 4, 4-5
Un « seul corps » est formé de membres et d’une tête ; la tête dirige les membres dans « un seul Esprit » et les unit par les sacrements, en particulier le baptême, qui marque l’entrée dans la vie chrétienne. De plus, il n’y a « qu’une foi », soutenue par une tête infaillible, car ce corps ne peut être vaincu ni divisé par les attaques du diable (le diviseur), affirmant ainsi l’unité de la foi.
« pour que tous ils soient un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous, pour que, eux aussi, ils soient un en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. »
Cf. Jean 17, 20-23.
Conclusion
À travers le rôle du Pape, l’Église témoigne de la promesse du Christ : celle d’être une, sainte, catholique et apostolique. En nous unissant à cette tête, nous retrouvons la force de rester fidèles à l’espérance chrétienne. Nous suivons l’exemple de Pierre, dont la foi inébranlable par la prière du Christ, continue de nous éclairer, de nous nourrir et de nous conduire vers le salut. Que notre foi soit forte et que notre unité, portée par la grâce de Dieu, se fasse visible au monde, afin que, tous ensemble, nous soyons un dans le Christ, pour témoigner authentiquement du Christ dans le monde.
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