Le Credo (aussi appelé « Symbole de la foi ») , occupe une place centrale dans la vie chrétienne. Récité à la messe dominicale, avant chaque chapelet, ou lors de la profession de foi, il est bien plus qu’une simple prière : c’est un résumé solennel de ce que nous croyons.
Que contient réellement ce texte que nous connaissons parfois par cœur, sans toujours en mesurer la profondeur ? Quelle est son origine ? Et pourquoi l’Église en propose-t-elle plusieurs versions : celui des Apôtres, de Nicée-Constantinople, ou encore celui, plus méconnu, dit d’Athanase ?

I. Qu’est-ce que le Credo ?
Le mot Credo signifie en latin : « Je crois ». Nous nous plaçons face à Dieu avec une Foi consciente, libre, mais aussi communautaire, transmise par l’Église. Le Credo est ainsi une formule de reconnaissance et marque notre appartenance au Corps du Christ. En récitant le Credo, nous disons avec l’Église ce qu’elle croit depuis les apôtres.
Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC) affirme par ailleurs :
Le Symbole de la foi est le résumé fidèle des vérités que Dieu a révélées.
CEC, 187
II. Origines historiques : trois symboles, une même foi
Au fil des siècles, l’Église a exprimé sa foi dans des formules qui ne sont pas de simples résumés doctrinaux, mais de véritables professions vivantes de notre Foi. Il existe trois symboles majeurs qui se complètent. Le symbole des Apôtres pose les bases de la foi ; Le Credo de Nicée l’approfondit face aux hérésies, notamment sur l’Église et la divinité du Fils et du saint Esprit ; et celui d’Athanase précise la doctrine trinitaire. Ils marquent une évolution cohérente de la foi chrétienne.
A. Le Symbole des Apôtres : la foi primitive
Le Symbole des Apôtres est sans doute le plus ancien des trois, transmis oralement dès les débuts de l’Église, notamment dans le cadre du baptême. Bien que la tradition ait attribué à chaque apôtre l’un des douze articles du Credo (comme un geste d’unité apostolique), sa forme actuelle s’est fixée au IIe siècle, en Occident, à Rome plus précisément.
Son contenu :
- La trinité
- L’incarnation
- La passion du Christ
- La résurrection du Christ
- L’Esprit Saint
- L’Église
- Le pardon
- La vie éternelle
est antérieur aux grandes controverses théologiques et fixe la base du dogme chrétien. Il reflète une foi simple, mais complète. Ce Credo concentre l’essentiel, sans entrer dans les détails techniques. Il ne cherche pas à définir ou défendre, mais à transmettre et unir. Il porte la trace d’une foi vécue, transmise par les témoins directs du Christ, et demeure aujourd’hui encore le symbole du baptême par excellence, celui que l’on enseigne aux enfants, que l’on proclame dans la simplicité de la prière.
Comprendre le Symbole des apôtres, phrase par phrase : -> Lire l’article
B. Le Symbole de Nicée-Constantinople : la foi défendue
Au début du IVe siècle, l’unité de cette foi fut menacée de l’intérieur : l’arianisme, notamment, affirmait que le Fils n’était pas Dieu au même titre que le Père, mais une créature élevée. L’Église, confrontée à cette hérésie profondément déstabilisante, convoqua en 325 le concile de Nicée, sous l’empereur Constantin, pour clarifier sa foi.
Ce concile proclama solennellement que le Fils est « consubstantiel au Père » (« homoousios » en grec), c’est-à-dire de même nature, pleinement Dieu. En 381, le concile de Constantinople vint compléter ce symbole, notamment en affirmant la divinité du Saint-Esprit et les attributs de l’Eglise qui est Une, sainte, catholique et apostolique.
Le résultat fut le Symbole de Nicée-Constantinople, que nous pouvons réciter en particulier durant les grandes fêtes (en fonction des paroisses) : Il est le symbole le plus long, plus précis, et plus complet de notre Foi. Il insiste sur le mystère trinitaire, sur la vraie divinité et la vraie humanité du Christ, sur la naissance virginale, la résurrection, mais aussi sur la dimension ecclésiale et sacramentelle de la foi : « Je crois en l’Église… un seul baptême… la résurrection des morts…»
Ce Credo est le fruit d’une Église en dialogue et en défense, mais toujours conduite par l’Esprit Saint. Il est le témoignage d’une foi qui se clarifie sans se trahir, une foi proclamée dans l’amour de la vérité, en fidélité au Christ.
C. Le Symbole d’Athanase : la foi clarifiée
Moins connu, le Symbole d’Athanase est un texte dogmatique et catéchétique, qui prend la forme d’une longue profession de foi. Il remonte probablement au Ve ou VIe siècle, bien qu’il soit attribué à Saint Athanase d’Alexandrie (373), grand défenseur de la divinité du Christ contre les ariens.
Ce symbole commence par une formule saisissante :
Quiconque veut être sauvé doit, avant tout, tenir la foi catholique.
Il enchaîne immédiatement :
Celui qui ne la garde pas entière et pure, sans doute périra éternellement.
Pour comprendre ce point sur le Salut : -> Lire cet article
Ces paroles peuvent nous sembler dures, mais elles traduisent surtout une conviction profonde : la vérité sur Dieu n’est pas un luxe pour érudits, mais un chemin de salut pour tous. L’Amour de Dieu se reçoit dans la lumière de sa vérité.
Il affirme également avec force la double nature du Christ : vrai Dieu et vrai homme, parfaitement uni sans confusion. Ces précisions répondent aux hérésies de l’époque (arianisme, nestorianisme, monophysisme), mais elles visent aussi à donner aux croyants une foi sûre, fondée, éclairée.
III. Pourquoi le Credo est-il fondamental pour notre foi ?

A. Un repère sûr dans la foi
Le Credo résume les dogmes essentiels de la foi catholique. Il nous protège des déviations et nous rappelle l’unité de la foi. Saint Irénée affirmait déjà au IIe siècle :
« L’Église, bien que dispersée dans le monde entier, garde cette foi que les Apôtres ont reçue. »
B. Une prière liturgique
L’Église fait réciter le Credo :
- Chaque dimanche à la messe, car il exprime notre unité dans la foi
- Lors de certains jours de solennité, pour affirmer la foi dans les grands mystères
- Avant chaque chapelet, selon la tradition populaire, pour encore une fois, affirmer la foi avant d’entrer dans la méditation des mystères
Conclusion
Ainsi, le Credo n’est pas une simple récitation liturgique, mais un véritable symbole vivant de la foi chrétienne. En effet, il est enraciné dans l’expérience des apôtres et développé au fil des siècles par l’Église pour transmettre, défendre et clarifier la vérité révélée. Du Symbole des Apôtres à celui d’Athanase, chaque formulation exprime la même foi trinitaire, centrée sur le Christ, reçue dans l’Église et transmise pour le Salut. En redécouvrant la richesse de ces textes, nous renouvelons notre engagement à croire, à aimer et à proclamer avec intelligence et ferveur ce que l’Église croit depuis toujours.